le chauffeur inculpé, des familles vietnamiennes craignent pour leurs proches



Le chauffeur est poursuivi pour homicide involontaire, trafic d'êtres humains, immigration clandestine et blanchiment d'argent. Il doit être traduit en justice lundi.

Le monde avec AFP Publié aujourd'hui à 08h03

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Plusieurs familles vietnamiennes craignent que leurs enfants fassent partie des trente-neuf victimes du charnier découvert cette semaine près de Londres, dont le chauffeur a été inculpé, y compris de la traite des êtres humains. Arrêté peu après la découverte du camion mercredi dans une zone industrielle à une trentaine de kilomètres de la capitale britannique, Maurice Robinson, originaire d'Irlande du Nord, est poursuivi pour homicide involontaire, trafic d'êtres humains, aide à l'immigration clandestine et blanchiment d'argent, selon le journal la police britannique. Il doit être traduit en justice lundi.

Trois autres personnes sont restées en détention samedi, dont un couple. Selon les médias britanniques, il s'agit du dernier propriétaire déclaré du camion Scania utilisé pour remorquer la remorque où les victimes ont été retrouvées, ainsi que son mari. Selon les médias, qui ont interrogé le couple avant l'arrestation, ceux-ci ont nié toute responsabilité, affirmant qu'ils avaient vendu le camion il y a un an. Une cinquième personne, un homme dans la vingtaine, a été arrêtée samedi à Dublin, selon la police locale.

Long travail d'identification

Les enquêteurs britanniques ont entamé un long processus pour déterminer l'identité des victimes. Après avoir initialement indiqué qu'ils pensaient que les trente et un hommes et huit femmes retrouvés morts étaient des ressortissants chinois, des doutes sont apparus. Au moins deux familles vivant dans le centre du Vietnam ont déclaré craindre que leurs enfants, munis de faux passeports chinois, aient péri dans le camion réfrigéré.

Nguyen Dinh Gia, le père d'un garçon vietnamien de 20 ans, a déclaré samedi à l'Agence France-Presse (AFP) qu'il avait reçu un appel impromptu il y a quelques jours annonçant que son fils était décédé en tentant de rejoindre le Royaume-Uni. Un interlocuteur inconnu parlant le vietnamien lui a dit: "Je vous demande pardon, il s'est passé quelque chose d'inattendu." Je me suis effondré quand j'ai entendu cela " a dit M. Nguyen. "On dirait que mon fils était dans ce camion. Ils sont tous morts." Selon Nguyen Dinh Gia, son fils lui avait annoncé il y a deux semaines son intention de rejoindre la Grande-Bretagne depuis la France, où il vivait illégalement depuis 2018.

L'AFP a rencontré une autre famille samedi, vivant dans une simple hutte recouverte de tôle ondulée à Nghe An, dans le centre du Vietnam. Elle craint également que leur fille soit parmi les victimes retrouvées dans le camion frigorifique. Pham Thi Tra, 26 ans, a envoyé un message au téléphone à sa mère pour lui expliquer qu'elle ne pouvait pas "Plus respirer"qu'elle était " mourant "dit son frère.

"Les criminels prennent de plus en plus de risques"

Les deux familles sont originaires de la même région de Ha Tinh, une partie très pauvre du Vietnam d'où partent de nombreux migrants. Ils cherchent souvent à rejoindre la Grande-Bretagne pour travailler dans des bars à ongles ou des fermes de cannabis illégales, dans l'espoir de gagner rapidement de l'argent. Beaucoup transitent par la Russie ou la Chine avec de faux documents et ce voyage peut leur coûter jusqu'à l'équivalent de 36 000 euros, une fortune au Vietnam où le revenu moyen ne dépasse pas 2 000 euros par an, selon la Banque mondiale.

"Il est clair que les criminels, parce que c'est une question de criminels, d'assassins, prennent de plus en plus de risques avec ces personnes vulnérables"Samedi, l’un des chefs de la police britannique, Martin Pasmore, a déclaré. Une association de Vietnamiens vivant en Grande-Bretagne, VietHome, a reçu des photos d’une vingtaine de Vietnamiens disparus depuis la découverte du camion. Mercredi, l'association a reçu des messages les informant de la disparition de personnes âgées de 15 à 45 ans.

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Dans un communiqué publié samedi, le ministère vietnamien des Affaires étrangères a déclaré que son ambassade à Londres s’employait à "Accélérez le processus d'identification des victimes." Le conteneur transportant les migrants est arrivé par ferry au port de Purfleet, dans l’estuaire de la Tamise, en provenance de Zeebrugge en Belgique, une heure avant l’arrivée de la police sur les lieux et a appelé à l’aide.



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