Vive émotion en Allemagne, après les révélations d’une cyberattaque massive



Des photocopies de documents d'identité, de numéros de comptes bancaires, de photos, d'adresses et de numéros de téléphone personnels … Des milliers de documents confidentiels, appartenant pour la plupart à des hommes politiques, mais aussi à des personnalités du monde des médias et de la culture, ont été publiés en ligne, a révélé le public allemand Télévision RBB, vendredi 4 janvier, suscitant une vive émotion de l’autre côté du Rhin.

Les documents ont été diffusés via un compte Twitter anonyme qui ressemblait à un "Chercheur en sécurité informatique" et, depuis mai 2017, diffuse également des informations confidentielles et éventuellement piratées sur des personnalités publiques, y compris de nombreux youtubers allemands.

AfD, le seul parti épargné

Selon plusieurs médias, les révélations de la RBB auraient été provoquées par l'alerte qui a retenti, jeudi soir, du député social-démocrate (SPD) Martin Schulz. Contacté par un jeune homme qui voulait l'informer qu'il avait trouvé son numéro de téléphone sur Internet, l'ex-candidat à la chancellerie aurait immédiatement informé la police. Vendredi matin, une porte-parole du gouvernement fédéral a confirmé que "Les politiciens de tous les niveaux"Les députés européens, les membres du Bundestag, les élus régionaux et communaux étaient également impliqués.

Les données concernant le président de la République, Frank-Walter Steinmeier, ainsi que la chancelière Angela Merkel ont également été mises en ligne. Aucun document "Sensible" à propos de ce dernier n'aurait cependant pas été révélé, a assuré ce porte-parole.

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Les principales formations politiques du pays sont concernées. À une exception notable près: le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD), la première force d'opposition au Bundestag (92 élus sur 730), dont aucun responsable n'aurait vu ses données publiées, a déclaré vendredi le Ministère de l'Intérieur. Au sein de l’Union chrétienne démocrate (CDU), le parti de Mmoi Merkel, environ 400 personnes auraient été touchées; au SPD, près de 230; parmi les Verts, cent; dans les rangs de Die Linke (radical gauche), environ 90; parmi les libéraux-démocrates (FDP), une trentaine. Certains dirigeants ont été plus ciblés que d'autres. Comme Robert Habeck, le coprésident du Parti vert, y compris des photos de famille et des numéros de compte.

L'origine des fichiers reste mystérieuse. Ils contiennent des documents internes appartenant à des partis politiques ainsi que des listes de messagerie ou de messagerie instantanée, ce qui suggère qu'ils pourraient provenir de plusieurs hacks différents. Le moment de la publication est également surprenant. La première information a en effet commencé à être systématiquement mise en ligne 1st Décembre 2018, à la manière d'un calendrier de l'avent, mais ils n'avaient pas attiré l'attention jusque-là. Les dernières publications datent du 28 décembre.

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La nébuleuse de droite suspectée

Outre ces centaines de politiciens, des personnalités des médias et de la culture font également partie des victimes, telles que les jeunes féministes Tarik Tesfu et Suzie Grime, ou le vidéographe Rayk Anders, qui a réalisé des documentaires sur l'extrême droite et les théories du complot. La branche allemande de la société française Studio71, une agence artistique travaillant avec de nombreux youtubers, était également visée.

Certains personnages connus du grand public sont également sur la liste, tels que l'acteur et réalisateur Til Schweiger, le comique Nico Semsrott, membre du parti satirique Die Partei, ou l'animateur et comédien Jan Böhmermann, qui faisait la une en 2016, après avoir traité le président turc Recep Tayyip Erdogan du "Pédophile" et D & # 39;"Nourrisseur de chèvre", provoquant une crise diplomatique entre Berlin et Ankara.

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Qui est derrière cette opération? Compte tenu de l'engagement de gauche d'un certain nombre de victimes, en particulier parmi les jeunes et les personnalités des médias, mais également en raison de l'absence de responsables de l'AfD parmi ceux dont les données ont été divulguées, les soupçons sont immédiatement allés à l'extrême droite. "A mon avis, il s'agit d'une attaque informatique qui provient de la nébuleuse proche de l'AfD", a déclaré le député Patrick Sensburg, chargé des questions de renseignement au sein du groupe CDU-CSU du Bundestag, interrogé par le quotidien Handelsblatt.

Une enquête ouverte

La question d'un éventuel lien avec la Russie a également été soulevée, bien que non étayée, des pirates informatiques proches du pouvoir russe ayant déjà été accusés d'avoir dirigé une importante opération de piratage contre le Bundestag en mai 2015, et que Mmoi Merkel elle-même, l'année suivante, a publiquement parlé de la nécessité de "Face aux attaques en ligne originaires de Russie".

À la suite de révélations publiées vendredi dans la presse, le Centre national de cyber-défense, organe placé sous le contrôle du ministère fédéral de l'Intérieur, a annoncé l'ouverture d'une enquête. Cette décision a toutefois été jugée trop tard par plusieurs membres de l'opposition, qui ont été surpris qu'un délai d'un mois soit nécessaire pour que les autorités puissent saisir l'affaire. Dans la "grande coalition" de Mmoi Merkel, des voix critiques ont également été exprimées par les sociaux-démocrates, pour qui ce manque de réactivité ne ferait que révéler le désintérêt que le ministre de l'Intérieur, le conservateur bavarois Horst Seehofer (CSU), accorde aux dossiers autres que celui de l'immigration .

Thomas Wieder (Berlin, correspondant) et Damien Leloup

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