« Il y a des moments où la désobéissance peut être un devoir »


Le 20 juillet 1944, l'officier aristocratique von Stauffenberg dépose un explosif retardé caché dans sa sacoche lors d'une réunion au siège du "Wolf & Den" de Führer, près de Rastenburg.

Le monde avec AFP Posté aujourd'hui à 17h44

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La chancelière allemande Angela Merkel lors de la célébration en l'honneur des instigateurs de l'opération "Walkyrie", le samedi 20 juillet à Berlin. FABRIZIO BENSCH / REUTERS

L'opération "Valkyrie" a soixante-quinze ans. L'Allemagne a rendu hommage, samedi 20 juillet, aux auteurs de l'attentat manqué contre Hitler et à leur chef controversé, Claus von Stauffenberg. "Parfois, la désobéissance peut être un devoir"a déclaré la chancelière fédérale Angela Merkel lors d'un discours prononcé lors d'une cérémonie à Berlin, devant les jeunes recrues de l'armée allemande.

Le 20 juillet 1944, l’aristocratique officier von Stauffenberg a déposé un explosif retardé dissimulé dans son sac lors d’une réunion au siège du Führer. "Le repaire de Wolf", près de Rastenburg. La tentative d'assassinat échoue et le putsch, qui implique alors plusieurs milliers de soldats et de civils, est arrêté. Hitler survit avec de légères blessures. Le colonel, qui a participé à la campagne africaine du maréchal Rommel où il a perdu un œil et une main, et trois autres conspirateurs sont fusillés cette nuit-là. Mais l'opération "Valkyrie" reste l'acte de résistance le plus célèbre contre le régime hitlérien.

"Pour nous, Stauffenberg était un lâche"

cependant, "Il y a toujours un manque de compréhension et d'inconfort" vis-à-vis de l'attaque du 20 juillet, a admis le chancelier. Et ceci surtout parce que son auteur emblématique, Claus von Stauffenberg, était un officier de l'armée, selon elle. Bien qu'il apparaisse souvent comme un héros indéniable à l'étranger – comme dans le film hollywoodien Tom Cruise sorti en 2008 -, le personnage continue de faire l'objet de débats en Allemagne, où ses critiques l'accusent d'une reconversion retrouvée dans l'organisateur de l'attentat nazi.

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Claus von Stauffenberg a également été considéré comme un long temps "Traitre" dans une société encore imprégnée par le nazisme, note Johannes Tuchel, directeur du Mémorial, dans une tribune du quotidien berlinois TAZ. Dans la zone d’occupation soviétique à l’est, c’est plus son élitisme et son "Révolution de palais"selon l'expression de la grande résistance Anton Ackermann, qui n'était pas d'accord avec les idéaux populaires communistes.

"Pour nous, Stauffenberg était un lâche, qui n'avait pas utilisé un pistolet mais un explosif avec une minuterie pour s'échapper indemne", rappelle Kurt Salterberg, un soldat présent le jour de l'attaque, dans une interview à Frankfurter Allgemeine Zeitung. Mais à l'époque, "Un simple soldat ne savait rien des atrocités des nazis", se souvient-il.

Ce n'est que dans les années 1980 que la résistance au nazisme a été véritablement reconnue. L'attaque du 20 juillet et le sort des étudiants du groupe "La rose blanche", décapité pour avoir distribué des tracts contre le régime, sont devenus des emblèmes. Samedi, la chancelière a conclu que la constitution instaurant l’état de droit allemand serait "Peut-être pas né tel quel" sans l'acte de Claus von Stauffenberg et ses alliés.

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Récupération par l'extrême droite

Les historiens sont toutefois réservés. Parce que les putschistes défendaient beaucoup plus une vision élitiste et antipluraliste, bref "Une image très lointaine d'une société ouverte et démocratique"», explique l’historien Gerd Ueberschär, dans un livre récemment publié. Cela explique aussi pourquoi ils séduisent autant l'extrême droite.

Il y a un an, le parti Alternative pour l'Allemagne (AfD) avait imaginé un portrait de von Stauffenberg rappelant que "La désobéissance civile et la pensée critique sont des devoirs du citoyen". L’objectif est clair: se poser en victime de "Dictature de Merkel"utiliser la rhétorique des dirigeants de l'AfD et forger sur cette référence à la résistance au nazisme sa propre légitimité pour ses activités politiques, souligne M. Tuchel.

D'où l'importance pour Angela Merkel de"Maintenir la mémoire" des conspirateurs du 20 juillet et de tous les combattants de la résistance allemande au nazisme qui, par leurs actions, nous appellent à rester "Vigilant" faire face à toute forme de racisme ou d’antisémitisme.

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