En Irak, le premier ministre Abdel Mahdi fragilisé par la contestation qui a fait au moins 73 morts


Les manifestants expriment le rejet de toute la classe politique au pouvoir. La répression de samedi a fait 73 morts et 3000 blessés.

Par Hélène Sallon Publié aujourd'hui à 10h16, Mis à jour à 10h18

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Le Premier ministre irakien Adel Abdel Mahdi lors de son discours télévisé vendredi à 2 heures du matin, alors que la plupart des Irakiens dormaient. AFP PHOTO / HO / IRAQIYA TV

Après quatre jours de manifestations extrêmement violentes et ensanglantées à Bagdad et dans les villes chiites du sud de l'Irak, le Premier ministre Adel Abdel Mahdi est sur la sellette. Dans la rue, les manifestants se disent déterminés à poursuivre le mouvement jusqu'à ce que "La chute du régime", les pressions politiques s'accumulent sur le gouvernement. Dans la soirée du vendredi 4 octobre, le chef du pape chiite, Moqtada Al-Sadr, président de la première force politique au Parlement, a appelé à sa démission et à l'organisation d'élections législatives anticipées. L'ancien Premier ministre Haider Al-Abadi, qui dirige le troisième bloc parlementaire, s'est joint à l'appel.

Confronté à son premier test social majeur, un an après la formation de son gouvernement, Adel Abdel Mahdi ne trouvait pas les mots pour apaiser les manifestants, mobilisés contre la corruption, le chômage et la dégradation des services publics. C’est à deux heures du matin vendredi, quand la plupart des Irakiens dormaient, qu’il s’est adressé à la nation dans un discours télévisé. S'il a dit qu'il comprenait la frustration de la population et voulait répondre à "Demandes légitimes" manifestants, il a souligné qu'il n'y avait pas de "Solution magique" aux problèmes du pays.

Et bien que la manifestation ait fait au moins 73 morts – dont six policiers – et 3000 blessés dans le pays en quatre jours, selon un bilan provisoire de la Commission gouvernementale des droits de l'homme, il a assuré aux forces irakiennes de réagir aux manifestants. "Selon les normes internationales." Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme a toutefois demandé à l'Iraq d'ouvrir une enquête " vite " sur les morts et "Permettre aux gens d'exercer leur droit à la liberté d'expression".

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À la fin de la prière du vendredi, alors que le couvre-feu était maintenu et Internet toujours fermé, les manifestations ont repris à Bagdad et dans le sud du pays. Le Grand Ayatollah Ali Al-Sistani, la plus haute autorité chiite du pays, venait de donner son soutien aux manifestants. Dans un discours très attendu, son représentant, Ahmed Al-Safi, a exhorté toutes les parties à mettre fin à la violence et à accuser la classe politique de son incapacité à réformer le pays. Il a appelé le gouvernement à "Améliorer les services publics, trouver des emplois, éviter le clientélisme dans la fonction publique et mettre fin aux fichiers de corruption".



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